Abstract
Social
sciences often tackle the concept of « power » with the
help of L. Wittgenstein’s “Familienähnlichkeit” model. “Power”
is depicted as a group of concepts not sharing a common core, but
with overlapping characteristics. This is a valid approach for the
analysis of medieval concepts of “power” who are only partially
intertwined at their core. We can see this in the study of the
different word groups reflecting different aspects of medieval power
(such as “potestas”, “auctoritas”, “potentia”, “regnum”
in Latin and their equivalent in vernacular languages.) With the help
of those very carefully chosen words, even before they were written,
maybe even as they were negotiated (for example, in the context of
ceremonies), one could put space under control, legitimize power,
construct a relationship with the people. One could create political
categories and change them according to society’s reaction. There
was however differences on how it was performed between Christian
medieval societies. Depending on actual political changes, as well as
the internal structure of each society, words designating “the
power” appear with diverging co-occurrences. One of the best
examples of those divergences can be found in the “vocabularies”
of power in medieval Norway and Iceland. Sharing a common language –
Old Norse – with a rich ensemble of word designating the “power”
(vald, riki, stjórn, máttr, kraptr etc.), members of those
societies preferred to describe their relations with the use of
diverse groups of words. In general, the use of words designating the
“power” is way more common in “Norwegian” sources compared to
the Icelandic ones. Moreover in Norway, where kings had assimilated
some clerical elements of the common governing body of Europe, as
well as some other elements from the governments of other European
countries, the meaning of words such as “vald” and “riki”
tends to approach respectively the meaning of “potestas” and
“regnum”. In Iceland those words are employed in descriptions of
exceptional events (vald, in most case, as the power to give mercy)
or in descriptions of Norwegian events. However we can see a common
trait in those word’s usage in Iceland and Norway: they preserve
the image of an ascending power (which we can see in verbs
accompanying those words: koma á (“come under the power of
someone”), gefa sig I (“surrender to the power of someone”),
leggja á (“give oneself unto someone’s power”) whereas their
latin equivalent reflects the model of descending power: concedere
(“concede to the power of someone”), conferre (“confer the
power to someone”), dare (“give the power to someone”) etc.
Even if sources such as sagas, legal texts or official letters show
us the different ways to construct political discourse and to present
the rulers’ “power” they also give us insight on multiple
medieval visions of what “power” consisted of, very distinctive
of what we have today (with a less abstract conceptualization of
power, with the perception of power as divisible and limited etc.)
Résumé
Dans
les sciences sociales on approche souvent le phénomène de
« pouvoir » à l’aide d’un modèle de « ressemblance
de famille » de L. Wittgenstein.1
Le « pouvoir » est présenté en tant qu’un groupe des
concepts qui ne partagent pas une essence commune, mais qui ont des
caractéristiques « chevauchées ». Cette approche est
légitime pour l’analyse des concepts médiévaux de « pouvoir »
qui ne s’entrecroisent par leurs essences que partiellement. On le
voit lors de l’étude de l’emploi des ensembles des mots qui
reflétaient les différents aspects des
pouvoirs médiévaux (tels que potestas,
auctoritas, potentia, regnum
en latin et leurs équivalents dans les langues vernaculaires).
A l’aide
de ces mots, qui furent très attentivement choisis avant d’être
écrits, peut-être même négociés (par exemple, dans les
situations des cérémonies), on maîtrisait l’espace sous
contrôle, on légitimait le pouvoir, on construisait les
relations avec le peuple, enfin, on créait les catégories
politiques et on les changeait en fonction des réactions de la
société, cependant on l’effectuait différemment dans les
sociétés
de la Chrétienté médiévale. En dépendance des changements
politiques concrets, ainsi de la structure interne de chaque société
et, par conséquence, de perceptions distinctes de ce que c’était
le pouvoir, les mots désignant « le pouvoir »
apparaissent entourés de cooccurrences divergentes. Un des meilleurs
exemples de ces divergences présentent les «vocabulaires» de
pouvoir de Norvège et d’Islande médiévales. Partageant une
langue commune – l’islandais ancien – avec un ensemble riche de
mots signifiant le « pouvoir » (vald,
ríki, stjórn, máttr, kraptr
etc.),
les membres de ces sociétés préféraient décrire leurs relations
en recourant à l’emploi des ensembles des mots divers. En
général, l’emploi des mots désignait le « pouvoir »
est beaucoup plus fréquent dans les sources « norvégiennes »
qu’islandaises. En outre, en Norvège, où
vernaculaires). les
rois assimilaient certains éléments des modèles ecclésiastiques
du gouvernement communs pour toute l’Europe, ainsi que certains
éléments des modèles du gouvernement des autres pays européens,
les sens de tels mots que vald
et
ríki tendent
à approcher les sens des mots potestas
et
regnum respectivement.
En Islande, ces mots sont employés dans les descriptions des
événements bien exceptionnels (vald,
dans la plupart des cas,
au
sens du pouvoir d’accorder la miséricorde) ou dans les
descriptions des événements norvégiens. Cependant, on peut
distinguer un trait commun dans l’emploi de ces mots en
Islande et en Norvège: ces mots préservent l’image du pouvoir
ascendant (on le voit au niveau des verbes qui entourent ces mots:
koma á
(« venir
sous le pouvoir de quelqu'un»),
gefa sig i (« se
rendre au pouvoir de quelqu'un »),
leggja a (« s’en
remettre au pouvoir de quelqu'un »), tandis que leurs
équivalents latins sont entourés de verbes reflétant le modèle du
pouvoir descendant : concedere
(concéder
le pouvoir à quelqu'un), conferre
(conférer le pouvoir à quelqu'un), dare
(donner
le pouvoir à quelqu'un) etc. Même si les sources tels que les
sagas, les lois et les lettres officielles nous montrent les
différents modes de construire le discours politique et de présenter
le pouvoir des « dirigeants », elles nous présentent de
multiples visions médiévales de ce que c’est le pouvoir, bien
distinctes de celles de nos jours (par un caractère moins abstrait
des concepts de pouvoir que l’on observe à nos jours ; par la
perception du pouvoir en tant que divisible et limité etc.)
1This work was supported by the Power and Institutions in Medieval Islam and Christendom (PIMIC-ITN) Marie Curie Initial Training Network funded through the European Union Seventh Framework Programme ([FP7/2007-2013] under grant agreement n° 316732 . cf Haugaard M., Clegg S., Introduction : Why Power is the Central Concept of the Social Sciences,in Clegg S., The Sage Handbook of Power, p.4