Abstract
The
history
of universities
and
of the elites’ practices toward
knowledge
is not
unrelated
to
the
construction
of
powers
and
identity
of
peoples and
territories.
The
university in its modern form was
born
between
the eleventh and the thirteenth century
of
the will of
teachers
and
students
to
free themselves
from
the tutelage of
local
Episcopal
and
secular
powers
by
forming
a
corporation
with
a
papal
or imperial privilege.
It
has
been then
able
to
organize
independently
its
teachings
and to let emerge through
scholastic
philosophy its conception
of
knowledge and
a
vocation
to
universality.
It
then
spread
to
Europe
in
similar forms
and
circulated
a common culture
through
the academic
peregrination.
But
when the
Baltic
region,
which had remained on
the sidelines of
the
first
academic
growth,
gradually joined
in
the fifteenth century
the
general trend,
the paradigm had
changed.
University
foundations
had
then
become
an
issue
of
prestige
and power
for
princes
or
urban
republics
that
saw it as
a
way to
"build"
their
state and
their
church.
Confessional
division
and
the
dynastic
and
national
rivalries
would
soon
rekindle the desire for university
foundation
and
the willingness
of
state control,
while
contributing
to
the formation of
particular
identities.
From
1419
to 1665,
from
Rostock
to
Kiel
via
Copenhagen,
Uppsala, Greifswald,
Frankfurt, Konigsberg
to
mention only
the
main ones,
ten
universities
were
founded
around
the North
Mediterranean
Sea because
of
the
will of the
sovereign
powers
and
the territorial
vicissitudes.
We
will analyze
some
of
these foundations and
try
to
characterize
the
changes in
the
university hierarchy
and
landscape
resulting
from these
Creations.
The
local
elites
were
naturally
intended
to be
the
first
clients
of
these new academic institutions but
they
didn’t remained confined to their territory
but instead often refused to
comply with
the
state
injunction to
be trained
in
priority
in
the country.
The
absence or
weaknesses
of
higher education
in
these countries
have
forged
among
northern
elites
a
long tradition of
expatriation
to
study
and
discover
new
knowledge.
And
even
then
when
they were
better
equipped in
academic
centers,
they
continued
to circulate
within
academic
peregrination.
The wealthiest
were accomplishing
the
ritual
Grand
tour
that
led
them
far
to the
west
and south
of
Europe,
but many were
content to only
attend
one
or
several
German
universities,
whose
influence
on
northern
elites
proved
to be
crucial.
We
will evoke
the
most attractive of those german universities
and
the reasons
that
made students favor them.
In
these
more
or less distant travels,
Nordic
students sought
to
regroup
by
origin and
regional
affinity.
The
authorities
meanwhile
have
been unable,
despite restrictive
legislation,
to
prevent student’s circulations.
They
even
also
fueled
them
to
some extent
by
trying to attract
renowned
teachers,
mostly from
these
German
universities.
Thus
national elites
were
built
dialectically
in
the encounter with
an
Other
that
both
provided
them
with
foreign influences
and
made them
realize
and
represent
their
identity.
Résumé
L’histoire
des universités et des pratiques des élites dirigeantes vis-à-vis
du savoir n’est pas sans rapport avec la construction des pouvoirs
et de l’identité des peuples et des territoires. L’université
est certes née entre le XIe
et le XIIIe
siècle de la volonté des maîtres et étudiants de s’émanciper
de la tutelle des pouvoirs épiscopaux et laïcs locaux, en formant
corporation grâce à un privilège papal ou impérial. Elle a pu
organiser alors en toute autonomie ses enseignements, dégager grâce
à la scolastique sa conception du savoir et une vocation à
l’universalité. Elle a essaimé ensuite en Europe sous des formes
semblables et fait circuler par la pérégrination académique une
culture commune.
Mais
lorsque l’espace baltique, qui était resté en marge de ce premier
essor universitaire, a progressivement rejoint au XVe
siècle le mouvement général, le paradigme avait déjà bien
changé. Les fondations universitaires étaient alors devenues un
enjeu de prestige et de pouvoir pour les princes ou les républiques
urbaines qui y voyaient un moyen de « construire » leur
Etat et leur Eglise. La division confessionnelle et les rivalités
dynastiques et nationales allaient bientôt donner un autre aliment à
la fondation universitaire et à la volonté de contrôle étatique,
tout en contribuant à la formation d’identités particulières. De
1419 à 1665, de Rostock jusqu’à Kiel en passant par Copenhague,
Uppsala, Greifswald, Francfort, Königsberg pour ne citer que les
principales, dix universités furent ainsi fondées autour de la
Méditerranée du Nord du fait de la volonté des pouvoirs souverains
et des péripéties territoriales. Nous analyserons quelques-unes de
ces fondations et essaierons de caractériser les transformations de
la hiérarchie et du paysage universitaire qui résultent de ces
créations.
Les
élites issues de ces peuples étaient naturellement destinées à
être les premières clientes de ces organismes mais elles ne sont
pas restées pour autant rivées à leur territoire, refusant de se
plier à l’injonction étatique de se former prioritairement au
pays. L’absence ou les faiblesses de l’enseignement supérieur
dans ces contrées ont forgé chez les élites nordiques une longue
tradition d’expatriation pour étudier et s’ouvrir aux savoirs
nouveaux. Et même ensuite lorsqu’elles ont été mieux pourvues en
centres universitaires, elles ont continué à circuler dans le cadre
de la pérégrination universitaire. Les plus fortunées ont sacrifié
au rite du Grand tour qui les menait loin vers l’ouest et le sud de
l’Europe, mais beaucoup se contentaient d’un passage dans une ou
plusieurs universités allemandes, dont l’influence sur les élites
nordiques s’avère primordiale. Nous évoquerons les plus
attractives et les motifs qui les faisaient préférer.
Dans
ces pérégrinations plus ou moins lointaines, les étudiants des
mondes nordiques ont cherché à se regrouper par origine et affinité
régionale. Les pouvoirs quant à eux n’ont pas pu, malgré des
législations restrictives, empêcher ces circulations, ils les ont
même aussi alimentées dans une certaine mesure en essayant
d’attirer des enseignants réputés, majoritairement en provenance
aussi de ces universités allemandes. Ainsi se sont construites
dialectiquement des élites nationales dans la rencontre avec l’Autre
qui à la fois les nourrit d’influences étrangères et leur fait
réaliser et représenter leur identité.