vendredi 24 octobre 2014

Muriel Marchal (REIGENN, Université Paris-Sorbonne) : Diplomatie scandinave et propagande nationale sur fond de rivalité, pour se créer un nouveau voisin-ennemi scandinave 1563-1720

Abstract/Résumé

Abstract

Several definitions of the term “propaganda” can be found but numerous researchers agree to this definition: « Propaganda is the deliberate, systematic attempt to shape perceptions, manipulate cognitions, and direct behaviour to achieve a response that furthers the desired intent of the propagandist. » [Jowett, O'Donnell, 1999]. Several concepts are put forward in this definition. It’s a conception which shows how propaganda can be by necessity considered as false and full of lies. However, among the theories of propaganda, specialists agree that propaganda can be both true and false. In earlier research, researchers have shown a particular interest for art, symbols, iconography and ceremonies and those elements were often designed as propaganda. The main point of focus is usually the transfer of power and prestige from the regents in power.
I intend in this communication to go back to the 1563-1720 period, which was characterized by seven great wars between Denmark and Sweden. I will focus on common elements in the two realms’ propaganda and their consequences, in particular the reinterpreting of some historical events shared by both Scandinavian kingdoms, such as the perception of the fall of the Kalmar Union as seen from a Danish and from a Swedish perspective. I will to this effect rely on political and diplomatic documents from this period, which were a necessary element for the diffusion of propaganda. Other major events from their common history, such as the Stockholm bloodbath of November 1520 were perceived in a vastly different way in the two Scandinavian kingdoms. This event was absolutely ignored by Danish propaganda, as if it never happened, when Swedish propaganda put it on the forefront as justification for the Danish-Swedish rivalry. Danish and Swedish propaganda at the time aimed toward a similar goal: to legitimate the various conflicts and to exalt national patriotism against every outside threat, particularly Scandinavian ones. It was necessary for both kings to keep a national unity around their person in order to keep the war effort going. This was achieved by flaming the Danish-Swedish rivalry even during times of peace.


Résumé

Il existe plusieurs définitions différentes du terme propagande, mais de nombreux chercheurs sont d'accord sur cette définition : « La propagande est la tentative consciente et systématique de façonner la perception de personnes, de manipuler les attitudes et guider leur conduite pour atteindre une telle réaction favorable et promouvoir les desseins souhaités par les propagandistes » [Jowett, O'Donnell, 1999]. Plusieurs choses sont mises en évidence dans cette définition. Il s'agit d'une conception, qui montre comment la propagande par nécessité peut être considérée comme fausse, voir même remplie de mensonges. Cependant, parmi les théories de propagande, les spécialistes sont d'accord sur le fait que la propagande peut être aussi bien véridique que fausse. Dans les recherches précédentes, les chercheurs ont montré un intérêt particulier pour l'art, les symboles, l'iconographie et les cérémonies, et ces éléments furent souvent traduits par le terme de propagande. Le point principal de concentration est habituellement sur le legs de la légitimation du pouvoir et du prestige de la part des régents en place.
Dans cette communication, je vous propose de revenir sur la période 1563-1720, qui fut marquée par sept grandes guerres, qui opposèrent le Danemark et la Suède. En me basant sur les documents politiques et diplomatiques de l'époque, qui constituaient un moyen de diffusion de la propagande indispensable, je vais particulièrement me concentrer sur les éléments communs dans la propagande des deux royaumes et les conséquences, en particulier la réinterprétation de certains événements historiques communs aux deux royaumes scandinaves, comme par exemple la perception de la chute de l'Union de Kalmar en 1523 à la fois du côté danois et du côté suédois. D'autres événements majeurs de leur histoire commune étaient également perçus de manière très différente dans les deux royaumes scandinaves, comme par exemple le bain de sang de Stockholm en novembre 1520. Cet événement était complètement ignoré par la propagande danoise, comme s'il ne s'était jamais produit, alors que la propagande suédoise le mettait en avant comme justification de la rivalité entre le Danemark et la Suède. Le but de la propagande danoise et suédoise à cette époque était similaire : légitimer les différents conflits et exalter le patriotisme national contre toute menace extérieure, en particulier scandinave. Il était nécessaire pour chaque souverain de conserver une unité nationale autour de sa personne, pour pouvoir continuer l'effort de guerre, et pour cela, ils se servirent de la rivalité dano-suédoise, en l'attisant, y compris en temps de paix.